En quittant la pièce, je regardai Zippy et dis, « Au fait, vous étiez où quand tout ça se passait ? »
« Vous ne pouvez pas vous imaginer que j’étais impliquée dans cet horrible crime ? » elle réussit à avoir l’air à la fois offensée et artistique. Ça devait être le béret.
« Je suis capable de m’imaginer que n’importe qui peut être impliqué, Poupée. C’est mon métier, et j’y suis plutôt doué. Alors, aboulez, excuse ou alibi ! »
Elle renifla de façon indignée et dit d’une voix légère, « Je dormais, si vous tenez à le savoir. J'habite pas le même fuseau horaire que les autres ici. »
« Je me rends compte. Alors, vous avez vu ou entendu quelque chose d’anormal ? »
« Plus anormal qu’un cadavre par terre en plein milieu de la Suite ? »
Je commençais à me lasser un peu de l’esprit littéral de ces zozos. « À part ça, alors. »
« Eh bien, pshrynk ne portait jamais de veston. Il avait davantage d’avatars que n’importe qui, mais un veston, ça n’y figurait pas. »
Je jetais un œil au cané. Il portait un veston tapageur à carreaux bleu et jaune. Sa cravate était d’un orange terne.
« Il était daltonien ? »
« Assurément. Pour lui, c’était subtil, ça. »
« Il y a quelqu’un qui savait que vous dormiez ? »
Elle esquiva mon regard. « Tout le monde sait que j’ai des horaires très réguliers. Tôt couchée, tôt levée, tout ça… »
« Je vois. Bien, dîtes-moi, pourquoi vous avez un fil bleu électrique à l’épaule ? Ça va pas du tout avec votre ensemble noir. »
L’air de rien elle vira la ficelle d’un revers de main. « Quel fil ? » dit-elle, me fixant de ses grands yeux innocents.
« C’est ça, ouais ! » je dis. Je m’approchai d’un autre mur. Il s’y trouvait quatre liseuses sous verre. En dessous de chacune se trouvait un petit marteau, et la consigne, « En cas d’urgence, brisez le verre. » L’un des verres était fêlé.
« C’est quoi, ça, donc ? » demandai-je, en espérant la prendre en défaut plus tard.
« Ça ? Pfff ! Rien du tout ! »
« Du ‘rien’ sous verre en cas d’urgence, hein ? Tu parles d’une boîte de gogols. »
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