--- "Les Conquérants de l'Or" (Heredia) --> livrel ---
Je n'ai retenu de l'oeuvre de José-Maria de Heredia, que le poème
"Les Conquérants", celui que nous avons tous appris par coeur dans nos toutes vertes et jeunes années, et qui se trouve en tout début de livrel, et l'épopée majuscule par son souffle, et relativement minuscule par son étendue,
"Les Conquérants de l'Or", dans laquelle je ne peux m'empêcher de voir surgir certaines images du film de Werner Herzog, "Aguirre, la colère de Dieu", avec ses plans dans la brume, ses défilés de soldats en cuirasse, le silence étouffant et débordant de rumeurs et de bruissements de la jungle amazonienne, avec, infiltrant et planant au-dessus de tout cela, par-delà cet appétit vorace et fantasmé de la soif de l'or, le regard halluciné et dément de Klaus Kinski.
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Extrait :
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Sur le sable marneux, d’énormes caïmans
Guettaient le tapir noir ou les roses flamants.
Les majas argentés et les boas superbes
Sous leurs pesants anneaux broyaient les hautes herbes,
Ou, s’enroulant autour des troncs d’arbres pourris,
Attendaient l’heure où vont boire les pécaris.
Et sur les bords du lac horriblement fertile
Où tout batracien pullule et tout reptile,
Alors que le soleil décline, on pouvait voir
Les fauves par troupeaux descendre à l’abreuvoir :
Le puma, l’ocelot et les chats-tigres souples,
Et le beau carnassier qui ne va que par couples
Et qui par-dessus tous les félins est cité
Pour sa grâce terrible et sa férocité,
Le jaguar. Et partout dans l’air multicolore
Flottait la végétale et la vivante flore;
Tandis que des cactus aux hampes d’aloès,
Les perroquets divers et les kakatoès
Et les aras, parmi d’assourdissants ramages,
Lustraient au soleil clair leurs splendides plumages,
Dans un pétillement d’ailes et de rayons,
Les frêles oiseaux-mouche et les grands papillons,
D’un vol vibrant, avec des jets de pierreries,
Irradiaient autour des lianes fleuries.
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Bonne lecture.