6 enquêtes sur l'alimentation de demain

La Terre devrait porter 10 milliards d'individus en 2050. Pour assurer la sécurité alimentaire de cette population croissante, un changement profond des modes de production et de consommation s'impose

Que mangerons-nous demain ? Cette question, qui relève de nos comportements individuels et de nos pratiques culturelles, en appelle une autre, plus vertigineuse encore. Comment parviendrons-nous à nourrir près de 10 milliards d'individus, au mitan du siècle, alors que s'épuisent les ressources naturelles et que s'intensifie le réchauffement climatique ? Dans un rapport sur les enjeux d'une -gestion durable des sols, publié en août, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) rappelle que, -depuis 1961, la date à partir de laquelle les -Nations unies disposent de statistiques -consolidées, " la croissance de la population mondiale et la consommation par habitant de denrées, d'aliments pour animaux, de -fibres, de bois et d'énergie ont entraîné des taux sans précédent d'usage des terres et d'eau douce ".

L'activité agroalimentaire est responsable d'environ 30 % des émissions de gaz à -effet de serre et absorbe 70  % de la consommation d'eau douce de la planète. Par ailleurs, près d'un tiers des stocks de poissons sont surexploités.

Risques environnementaux

Face à ce défi immense, un changement -radical de nos modes de production et de consommation s'impose. Pour réduire la pression sur les écosystèmes et résoudre le double problème de la sous-nutrition et de la malbouffe, l'assiette de demain devrait faire une large place aux fruits, aux légumes et aux céréales complètes (elles fourniraient plus du tiers de l'apport calorique), alors qu'une portion congrue reviendrait à la viande et au poisson.

Le Monde a voulu éclairer les différentes -facettes de cette révolution alimentaire en marche. En compagnie du photographe -Julien Goldstein, six journalistes sont partis tour à tour explorer les coulisses et interroger les acteurs de cette arrière-cuisine planétaire.

Aux Pays-Bas, ils ont découvert des exploitations high-tech expérimentant de nouvelles techniques d'élevage, comme ces étagères en acier, éclairées de LED, sur lesquelles sont alignés de poussins par centaines de milliers.

En Andalousie, ils ont arpenté le potager de l'Europe, quelque 33 000 hectares de terres sous bâches, exclusivement consacrés à la culture intensive de fruits et de légumes bio, été comme hiver.

Au Sénégal, ils ont suivi les paysans et les scientifiques qui cherchent à améliorer la productivité du mil, l'ingrédient de base pour de nombreux pays d'Afrique, et son adaptation au changement climatique.

En Norvège, ils ont découvert le business du saumon d'élevage, très fructueux mais aussi très décrié en raison de ses impacts sur le milieu naturel et de ses effets sur la santé des poissons.

Dans la province de la Saskatchewan, ils ont rencontré les agriculteurs qui ont participé à la transformation du Canada en premier producteur et exportateur mondial de lentilles.

En Corée du Sud enfin, ils se sont intéressés aux algues, omniprésentes dans les assiettes asiatiques, et qui pourraient offrir, ailleurs aussi, une alternative aux légumes.

Au cours de leurs enquêtes, ils ont pris la mesure des risques environnementaux pesant sur la production de masse, mais ils ont identifié également des pistes pour mieux manger, moins gaspiller, et produire sans dilapider les ressources ni dérégler les cycles de la nature.

Simon Roger

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