Art-O-Rama et Paréidolie fêtent l'art contemporain et le dessin, le dernier week-end d'août
L'année 2018 avait été l'exception : Art-O-Rama, le salon d'art contemporain de Marseille, et Paréidolie, son pendant consacré au dessin, s'étaient retrouvés ensemble au J1, ce hangar tourné vers la mer du quai de la Joliette, qui a depuis entamé une spectaculaire mutation. Les deux salons ont donc regagné leurs pénates : la Friche de la Belle-de-Mai pour le premier, le château de Servières pour le second.
Au-delà de l'aubaine de pouvoir investir le J1, Art-O-Rama s'y était déplacé pour des raisons pratiques, son bâtiment nécessitant des travaux de réhabilitation. La climatisation généralisée et les circulations améliorées rendent le retour à la Friche moins difficile, et en termes de fréquentation le salon (où l'entrée est à 5 euros) table sur 7 500 visiteurs, comme la dernière édition. Avec une particularité historique de ce salon axé sur les jeunes galeries dynamiques : après les trois jours, celui-ci se transforme en exposition pendant quinze jours, avec des médiateurs à la place des galeristes.
Autre spécificité : les galeries dessinent leur espace, avec un prix unique (2 500 euros) pour 15 mètres linéaires de cloison. Ce qui offre d'emblée des espaces moins formatés, des stands circulaires, en zigzag, recto verso ou tout en longueur, comme celui de la galerie Praz Delavallade (Paris, Los Angeles), qui a divisé la paroi en quatre couleurs pour quatre solo shows contrastés, entre le travail photographique sur les stéréotypes de la jeune américaine Genevieve Gaignard, les lumineux jeux d'abstraction de Julien Nédélec ou les toiles de Soufiane Ababri, avec des hommes érotisés comme l'étaient les femmes dans la peinture orientaliste.
" Ce salon est une très agréable transition avant la rentrée, avec un bel esprit, des interactions et contacts intéressants, et la plage ! ", commente Emma Astner, de la galerie Koppe Astner (Glasgow). Avec 32 galeries cette année, pour les trois quarts étrangères, Art-O-Rama consolide sa réputation de foire détendue, conviviale et abordable (on n'a pas trouvé plus cher que 40 000 euros, pour des peintures de la Hollandaise Jacqueline de Jong chez Dürst Britt & Mayhew, de La Haye).
Un format intimisteCôté " château " – en réalité une ancienne usine en ville –, Paréidolie se présente comme un format intimiste (et néanmoins dense) de 15 galeries françaises et étrangères, choisies pour présenter un panel très large des pratiques du dessin contemporain, plus deux cartes blanches à des structures du territoire et un artiste invité, cette année le jeune Gilles Pourtier, qui questionne le statut des images numériques par le dessin.
" J'aime énormément ce salon, il y a une vraie qualité des artistes et des exposants, et une ambiance exceptionnelle, c'est un moment d'échange réel ", commente la galeriste Anne-Sarah Bénichou, qui regrette cependant la bonne synergie des deux salons au J1. " Les discussions sont ici beaucoup plus tendres que dans les grandes foires ", souligne Jean de Loisy, le président du comité artistique, qui a demandé aux galeries d'accueillir un très jeune artiste sur leur stand. Opération réussie pour la galerie parisienne 22,48 m2, qui consacre un joli solo show à l'univers noir et ludique de Chloé Poizat, l'une des découvertes du salon.
Emmanuelle Jardonnet