De belles noces de perle

Lorsque le tableau est idyllique, le malaise ne tarde pas à -surgir. L'" El Dorado " que Pierre Daymé nous invite à habiter aux côtés de son héroïne n'échappe pas à la règle. Heureux en mariage, semble-t-il, Catherine et Christian ont décidé de -retourner, trente ans plus tard, sur l'île où ils avaient passé leur voyage de noces. Mais un client retient le mari, qui ne pourra arriver qu'un jour plus tard. Catherine part donc seule, en attendant que le couple puisse être réuni pour fêter son anniversaire de mariage. Le lecteur croit rapidement flairer la mauvaise surprise qui attend Catherine, et s'apprête à lire l'histoire d'une désillusion conjugale. Mauvaise pioche. Les sources du malaise sont tout autres, et il serait dommage de les dévoiler, tant l'efficacité du deuxième roman de Pierre Daymé tient à la façon dont il orchestre les révélations. El Dorado est le beau récit d'une quête d'identité, qui conduit son héroïne aux -lisières de la folie et lui offre la possibilité d'en -revenir. Ce qui n'est pas si fréquent, même en -littérature. Même lorsqu'on croit autant que -Catherine dans les pouvoirs de la fiction.

Florence Bouchy

Droits de reproduction et de diffusion réservés Le Monde 2019.
Usage strictement personnel.

L'utilisateur du site reconnaît avoir pris connaissance de la Licence de droits d'usage, en accepter et en respecter les dispositions.