Tendresse de Bukowski

Un poème sur les verrues de sa grand-mère, un autre sur les " chiottes pour hommes ", le récit en vers libres du quotidien dans un " pavillon pour miséreux ", une ode juteuse au cunnilingus, des souvenirs de courses hippiques ou de mémorables beuveries… Encore une fois, rendons grâce à l'Américain Abel Debritto, le même qui avait rassemblé les textes de Charles Bukowski (1920-1994) portant " sur l'écriture " (Au diable vauvert, 2017), d'avoir exhumé ces poèmes publiés initialement dans des revues confidentielles. Il en résulte une formidable anthologie : Tempête pour les morts et les vivants. Pas de la petite bière, des fragments autobiographiques aux accents de vérité, où résonne la verve libertaire du poète à grande gueule, lui qui placerait " les vieux poètes ébranlés qui sirotent du lait/ et soulèvent de la fonte/ dans les cellules de -dégrisement de l'Iowa " (Corrections d'ego, principalement d'après Whitman). La vulgarité de Bukowski ? A débattre. Sa grossièreté ? Incertaine. Son amour des femmes ? Infini. Son génie esthétique ? Total, encensé par Jean Genet et Henry Miller. Et la tendresse du Vieux Dégueulasse ? Trop négligée. " Les animaux m'aiment comme si j'étais un gamin crayonnant les bords du monde,/ les moineaux sautillent à mes côtés,/ les mouches rampent sur mes paupières/ il  m'est impossible de blesser qui que ce soit en dehors de moi (…)  "

M. S.

Droits de reproduction et de diffusion réservés Le Monde 2019.
Usage strictement personnel.

L'utilisateur du site reconnaît avoir pris connaissance de la Licence de droits d'usage, en accepter et en respecter les dispositions.