CAPITAUX Chronique
La sécurité avant tout

Toujours rien, et des perspectives peu enthousiasmantes : le marché primaire obligataire de l'euro n'arrive pas à sortir la tête de l'eau. La recherche de placements sans risque pousse les investisseurs vers les obligations d'Etat, ce qui fait baisser les prix des autres titres obligataires. Pour lever de l'argent, les émetteurs en recherche de fonds devraient payer des primes de risque qui leur semblent aujourd'hui exorbitantes.

Au fond de l'abîme, on trouve les sociétés financières : pour l'heure, elles sont très loin d'être les bienvenues sur le marché de la dette, et ce quel que soit le prix qu'elles seraient prêtes à payer. Ce bannissement s'est étendu au produit présenté comme le summum de la sécurité : les covered bonds, ces obligations gagées sur des actifs.

En France, les sociétés de crédit foncier, vantées à juste titre comme garantissant une grande sécurité aux porteurs de leurs obligations, existent depuis 1999. Conséquence de cette sûreté, ces obligations foncières, notées de la meilleure façon par toutes les agences, ne rapportaient guère plus que des titres de l'Etat allemand, ceux qui servent de référence au marché de l'euro.

Mais les crises rendent les investisseurs plus tatillons, notamment ceux qui achètent la sécurité au prix fort. Ils ont ainsi redécouvert, puisque cela figure dans les documentations des sociétés de crédit foncier, que les actifs qui servent de garantie ne sont pas que des prêts hypothécaires ou des créances représentatives de prêts au secteur public.

Pour ne prendre que deux exemples, on trouve ainsi dans les actifs de Dexia AM et dans ceux de la Compagnie de financement foncier, filiale du Crédit foncier de France, des créances indirectes. Dans le premier cas, les quantités sont marginales, d'après le rapport au 30 juin ; dans le second, 13,69 milliards d'euros, soit 14,6 % de ses actifs, sont constitués " d'autres valeurs d'actifs et titres de remplacement ", selon les chiffres fournis le 30 juin.

Quelques investisseurs ont fait remarquer qu'ils étaient prêts à acheter de nouveau sur le marché primaire, mais des obligations sécurisées par des actifs " purs ".

Isabelle Ehrhart

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