XIII réussit sa mue du papier à l'écran

Une adaptation haute en rythme et en couleur de la bande dessinée culte. Avec Stephen Dorff et Val Kilmer

ADAPTER à l'écran un succès de librairie n'offre aucune garantie de réussite. La bande dessinée ne fait pas exception. A la fois fidèle et libre par rapport au récit original de William Vance et Jean Van Hamme, XIII, la mini-série de 2×90 minutes inspirée d'une BD culte éditée chez Dargaud a parfaitement rempli sa mission.

Programmée sur Canal+, les lundi 6 et 13 octobre à 20 h 50, puis début 2009 en 4×45 minutes en prime time sur NBC - une première pour une production majoritairement française - et sur M6 fin 2009, elle a également été vendue dans 52 pays. Et ses promoteurs sont à pied d'oeuvre pour treize épisodes supplémentaires de 52 minutes.

L'histoire se déroule de nos jours. Blessé à la tempe, un homme à la mine de baroudeur (Stephen Dorff) se réveille amnésique. Seul signe particulier : le nombre XIII tatoué sur son épaule. Menacé de mort par La Mangouste (Val Kilmer), un tueur aussi mystérieux que brutal, des indices révèlent à l'homme sans mémoire qu'il aurait été l'assassin de Sally Sheridan (Mimi Kuzyk), la présidente des Etats-Unis.

" Au départ, on voulait un climat "bédéisant", explique Philippe Lyon, coscénaristes de la mini- série. On avait mis des "couac" et des "plouf", mais c'était techniquement et financièrement trop coûteux. " Après dix versions complètes du script, six mois ont été nécessaires pour affiner la mouture définitive.

La collaboration de la société de production française Cipango avec Prodigy, au Canada - où a eu lieu le tournage -, a contribué a donner sa couleur particulière à XIII. " Nous avons une culture très axée sur les personnages, poursuit le scénariste. Les Canadiens, eux, ont une culture de l'action. Certains détails ont été modernisés : "24 Heures chrono" est passé par là. "

Le tempo de XIII n'est, en effet, pas sans rappeler celui des aventures de Jack Bauer. Mais là où le feuilleton américain se cantonne, pour l'essentiel, à un exercice de violence sous apnée soumis à l'emprise d'un implacable compte à rebours, la série franco-canadienne introduit des variantes rythmiques et, surtout, des personnages dotés d'une plus grande épaisseur dramatique.

Les frenchies ont dû toutefois réviser à la baisse la dimension charnelle des rôles. " On avait prévu un peu de sexe, mais nos amis canadiens, qui sont un peu prudes, nous ont demandé si c'était vraiment nécessaire ", s'amuse Philippe Lyon. Certains regards suggestifs de Sam (Caterina Murino) envers le héros suffisent à en imaginer le potentiel.

Réussite dans l'écriture, mais aussi dans le traitement de l'image. " Le côté plat du graphisme de la bande dessinée est parfaitement adapté à une exploitation au cinéma ", explique l'Américain Duane Clark, le réalisateur, qui est aussi celui de la série " Les Experts ". Amplifiée par l'usage de la haute définition, les physionomies du général Carrington (Stephen McHattie) et de l'agent Lauren Jones (Lucinda Davis) semblent tout droit sorties d'une vignette. Dans ce même esprit, Ann Dixon, la costumière, a travaillé avec succès sur la palette chromatique et les détails emblématiques des aventures du héros de papier.

Jean-Jacques Larrochelle

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