Le cuivre est aux métaux non ferreux ce que la grenouille est à la météo : un superbe indicateur de tendance. Eh bien, ladite grenouille a le moral à zéro. Le cours du métal rouge s'enfonce jour après jour : 7 000 dollars, 6 000 dollars, et, depuis vendredi 3 octobre, 5 850 dollars la tonne (4 263 euros). Une chute de 14 % en une semaine. Comme il est loin le record de 8 940 dollars du printemps 2007 !
Aucun antidote ne marche : ni la grève des mineurs de la mine de Cerro Verde au Pérou, ni l'annonce que la teneur en cuivre de la plus grande mine du monde, Escondida au Chili, s'affaiblit inexorablement.
Car les raisons qui propulsaient le cuivre vers les sommets se sont inversées. Un : les hedge funds (fonds spéculatifs) ont arrêté de jouer au casino et sont devenus très, très avares de leurs sous, à commencer par Red Kite qui a rêvé, naguère, d'assécher le marché du cuivre et qui ressemble aujourd'hui plutôt à une poule mouillée qu'au milan royal dont il a pris le nom (en anglais).
Deux : " Il n'y a aucune demande pour le cuivre ", se désole un trader à Londres. Parce que tous les professionnels anticipent une chute de la demande en raison de la récession qui hante les esprits à Paris comme à New York.
Moins de logements et moins de bureaux, donc moins de câbles et moins de tuyaux à installer dans moins d'immeubles pour moins de salariés faisant moins d'affaires. Une grosse déprime à l'horizon.
Il y en a qui se frottent les mains de ce retour à la raison. Par exemple, Gérard Hauser, le patron de Nexans, le câblier français, premier acheteur de cuivre au monde : " C'est bon pour notre dette, commente-t-il, car nous achetons notre cuivre comptant et nous le vendons à 75 jours en moyenne. C'est donc de la trésorerie en moins à trouver. Reste que si cela annonce un ralentissement de l'activité, ce n'est pas fameux non plus ! "
D'autres persistent à penser que la Chine va se remettre de sa gueule de bois olympique et qu'elle repartira comme avant. " Les excédents de la production de cuivre seront très minces en 2008 comme en 2009, analyse Raphaël Gallardo, stratégiste chez Axa Investment Managers. Le coût marginal de la tonne de cuivre est de 4 500 dollars la tonne. Je vois donc la demande chinoise revenir faire son marché et j'aurais tendance à racheter du cuivre, car Pékin ne laissera pas tomber sa croissance sous les 8 %. "
On demande grenouille chinoise annonçant météo plus clémente, croissance assurée et demande soutenue pour le métal rouge.
Alain Faujas