En lisant la rubrique " Il y a 50 ans dans Le Monde " du 25 septembre, on ne peut qu'être frappé par la façon dont, à l'époque, votre journal couvrait les événements relatifs à la guerre d'indépendance menée par le peuple algérien. Témoin, l'affaire de la bombe sur la tour Eiffel, le 25 septembre 1958. On y lit qu'un " musulman appréhendé " est parvenu à " mettre fin à ses jours en se pendant à l'aide d'un drap de lit " dans sa cellule à l'Hôtel-Dieu !
En tant qu'historien, vivant en Algérie, je voudrais apporter quelques précisions sur cette affaire, car j'ai reçu le témoignage de celle qui a déposé la bombe.
Il s'agit d'Aïcha Aliouat, aujourd'hui décédée, née en 1930 dans le nord de la France, d'un père kabyle qui a fait de la résistance à l'occupation allemande dans le réseau Mithridate.
Voilà les ordres qu'Aïcha avait reçus de son responsable : " C'est à la tour Eiffel. Tu chercheras un endroit sous l'antenne de la télévision et un autre endroit dans une chambre où est placé un système d'émission d'où partent toutes les communications de la police. Il faudra attendre le départ de tous les visiteurs (...). "
Le système de minuterie a été réglé de telle sorte que l'explosion ne fasse aucune victime et c'est Mohammed l'artificier, dit " le Marocain ", ou " le musulman " dans votre évocation, qui, après avoir été arrêté, est mort " pendu " à l'Hôtel-Dieu.
Voilà tout. A vous de voir si cela vaut la peine de rendre la parole - autrement dit la justice - à ces " musulmans " de l'autre côté.
Daho Djerbal
Historien, Alger