Elles ont chacune un style très parisien qui a marqué la mode des vingt dernières années. Allure dynamique et mélange de sophistiqué et de décontracté. La plus jeune, Martine Sitbon, est une ressuscitée. Sa maison, créée en 1985, avait dû fermer en 2004, lâchée par ses partenaires coréens en plein succès. Elle a tout recommencé, sous un autre nom : Rue du Mail.
Aux tenues rock noir de jais, comme ce caleçon de gros grain élastique porté avec un gilet de cuir à col châle et fermeture zippée, elle ajoute des ensembles pastel, très couture, à découpes graphiques, taillés pour une fille énergique et positive. " C'est l'idée d'un vêtement de protection fait pour le sport, comme le football américain, mais réalisé dans les matières légères de la couture, le gazar, l'organza et des cotons techniques, et beaucoup de broderies ", dévoile-t-elle. Sa garde-robe est sophistiquée : la blouse de soie mastic à effet papier froissé se marie à une jupe en voile rayée noir et blanc. La veste sans manches en agneau amande, à plis plats, accompagne une robe bustier gris souris et des talons aiguilles ton sur ton. Les modèles épurés de Martine Sitbon prennent tout leur sens dans la haute nef du couvent des Cordeliers où a lieu la présentation.
L'aînée des deux s'appelle Agnès b. Elle a gardé le visage poupon et les boucles d'or de ses 30 ans. Sa collection défilait dans la lumière crue du Palais de Tokyo. Un moment printanier de fraîcheur et de gaieté. Les filles souriaient, virevoltaient, en ballerines, habillées de jupes en voile de coton ou de fuseau d'agneau et veste chintz, une gerbe de roses blanches dans les bras, une colombe au bout des doigts, ou encore à vélo, en short et cape de pluie. Les robes sont droites sans manches, à encolure raglan, ou à col rond, en crêpe de polyester. Le court boléro de soie sauvage et le jupon d'organdi poudre, avec un grand carré de coton blanc en guise de voile, est la tenue de mariée idéale. La sérigraphie de Malick Sidibé en panneau sur une longue tunique de lin témoigne de sa passion pour la photographie et de son engagement auprès des artistes. Leur indépendance d'esprit à toutes deux a fait leur succès.
Florence Evin