ET MAINTENANT, comment on fait ? Annoncé, mercredi 1er octobre, par l'Elysée, le plan de soutien à l'immobilier recèle encore plusieurs zones d'ombre. Lors des journées parlementaires de l'UMP à Antibes (Alpes-Maritimes), le premier ministre, François Fillon, a réaffirmé l'engagement de l'Etat dans cette action qui consiste à racheter, à un prix décoté, environ 30 000 logements dont la construction n'a pas démarré, faute d'avoir trouvé preneur.
A qui vont être cédées ces habitations ? Les organismes HLM sont sur les rangs. Propriété de la Caisse des dépôts, la Société nationale immobilière (SNI) a indiqué qu'elle était prête à acheter 10 000 logements, via ses SA d'HLM et d'autres filiales.
Les modalités de financement ne sont pas tout à fait limpides. Jeudi, l'hypothèse d'un emprunt sur les marchés lancé par le gouvernement a été évoquée. De son côté, la ministre du logement, Christine Boutin, a précisé qu'il était hors de question de piocher dans le budget de l'Etat. Mais certains crédits inscrits dans la loi de finances 2008 n'auraient pas été consommés et pourraient servir à boucler quelques transactions.
APRES NÉGOCIATIONS
Les 10 000 logements que la SNI envisage d'acheter lui coûteront " entre 1,4 et 1,8 milliard d'euros ", indique une porte-parole du groupe. Celui-ci est disposé à injecter 150 à 160 millions d'euros de fonds propres, le solde étant financé par des prêts.
Enfin, le montant de la décote va faire l'objet d'âpres négociations entre les promoteurs, d'une part, la SNI et les bailleurs sociaux de l'autre. L'idée de réduire les prix de 20 % a circulé, jeudi. " C'est inenvisageable ", lance Jean-François Gabilla, président de la Fédération des promoteurs-constructeurs (FPC). PDG de Kaufman & Broad, Guy Nafilyan a déclaré, vendredi à l'AFP, que " peu de promoteurs privés seront tentés de vendre avec une forte décote, de 20 % à 30 %, leurs programmes de logements ". Mais, en privé, certains poids lourds du secteur confient qu'ils accepteront d'écouler leurs produits, même avec de fortes ristournes.
Malgré ces incertitudes, l'initiative de l'Elysée est jugée positivement par la FPC, car elle soutient des entreprises ébranlées par l'effondrement des ventes de logements neufs (Le Monde du 3 septembre). Pour l'économiste Michel Mouillart, il était indispensable de prendre des mesures de " politique industrielle " qui maintiennent des capacités de production.
Le délégué général du mouvement HLM, Pierre Quercy, assure que les bailleurs sociaux s'impliqueront dans la réalisation de ce plan. L'heure est à la mobilisation générale, malgré la réduction de l'effort budgétaire de l'Etat : dans le projet de loi de finances 2009, les crédits de paiement alloués à la mission " Ville et logement " baissent de 6,2 %. Mais le gouvernement se prévaut de la ponction opérée sur les fonds du " 1 % logement " (1 milliard d'euros) pour soutenir que les moyens consacrés au logement progressent.
Bertrand Bissuel