M. Fillon : " Le monde est au bord du gouffre par la faute d'un système irresponsable "

Le premier ministre a assuré aux parlementaires de l'UMP, vendredi 3 octobre, que le gouvernement français n'a pas renoncé à ses objectifs de réduction du déficit public

Le gouvernement français ne cherche plus à masquer l'ampleur de la crise financière, ni ses répercussions possibles en Europe. " Le monde est au bord du gouffre par la faute d'un système irresponsable ", a indiqué le premier ministre, François Fillon, en dénonçant un " capitalisme dévoyé ", lors de son discours de clôture des Journées parlementaires de l'UMP, vendredi 3 octobre à Antibes. Le 26 septembre, lors d'une réunion publique à Enghien-les-Bains (Val-d'Oise), M. Fillon avait déjà évoqué " une crise majeure, qui pousse tout le système économique mondial au bord du précipice ".

Tout en livrant ce sombre diagnostic de la situation, le chef du gouvernement s'est efforcé, vendredi, de clore la polémique qu'avait lancée, la veille, le conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, Henri Guaino, en déclarant que les critères de Maastricht n'étaient pas " la priorité des priorités ". " Nous ne renonçons pas à notre objectif d'un déficit public proche de zéro en 2012 ", a indiqué le premier ministre en guise de mise au point. Un peu plus tôt, le président du groupe UMP de l'Assemblée nationale, Jean-François Copé, avait lancé cette mise en garde : " Personne ne comprendrait que la France s'affranchisse de manière unilatérale des critères de Maastricht. "

M. Fillon a également pris soin d'éloigner le projet de budget des " deux écueils " du " laxisme " et de l'" austérité ". Le premier ministre s'est engagé à contenir la dépense de l'Etat, qui n'enregistrera aucune augmentation en volume, afin de maintenir l'objectif de réduction des déficits publics malgré la diminution des recettes fiscales.

LES THÈSES LIBÉRALES EN SOURDINE

Le discours du chef du gouvernement avait aussi pour objet de " recadrer " l'ensemble des mesures qu'entend prendre l'Etat pour faire face à la crise, après une semaine où les annonces successives ont parfois donné le sentiment d'une " valse " des milliards. Pour M. Fillon, si " l'Etat s'engage " pour " rétablir la confiance ", il ne le fait pas à fonds perdus.

Selon le premier ministre, l'effondrement en chaîne déclenché par la crise - " prévisible " - des subprimes a le mérite d'obliger à " recadrer un système devenu incontrôlable et sans éthique ", à " bâtir de nouvelles régulations ", à " instaurer de nouveaux rapports entre l'Etat et le marché ". Les proches du premier ministre se sont félicités de cette réhabilitation d'une " école de la régulation " au moment où les thèses les plus libérales sont, pour l'heure, mises en sourdine.

" Nous, les gaullistes sociaux, c'est tout ce que nous expliquons depuis des années ", jubilait Jean-Paul Anciaux (Saône-et-Loire). " Fillon est décidément l'homme de la situation ", s'enthousiasmait Michel Bouvard (Savoie).

S'il parvient à convaincre sa majorité de faire bloc, le chef du gouvernement n'est guère assuré d'obtenir de l'opposition, lors du débat sur la crise financière prévu le 8 octobre à l'Assemblée nationale, l'" unité nationale " qu'il appelle de ses voeux.

Patrick Roger

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