De l'art et des dollars pour Barack Obama : c'est la contribution de la galeriste Dorothy Polley au candidat démocrate à l'élection présidentielle américaine. Du 3 octobre au 17 novembre, tableaux, sculptures, dessins satiriques de Cabu, Charb, Honoré, Luz, Riss, Tignous... tapissent les murs de la Dorothy's Gallery, au 27 rue Keller (11e arrondissement). D'origine new-yorkaise, cette ancienne directrice d'une école de langues basée à Paris (Executive Language Services), reconvertie dans l'art contemporain, voulait " faire quelque chose qui ait du sens " à un mois du scrutin.
Elle a trouvé, " en discutant avec une amie très impliquée " dans la campagne aux Etats-Unis. " Le Manifest Hope Galery, cette mobilisation d'artistes au moment des primaires démocrates à Denver, en août 2007, m'a fait prendre conscience de l'importance de l'art en politique ", explique Dorothy Polley, avec un fort accent. " Les Etats-Unis ont perdu beaucoup de leur splendeur. J'aimerais que l'on sache qu'Obama est apprécié en Europe. Et qu'avec lui les Etats-Unis vont pouvoir revivre le rêve américain ", ajoute-t-elle.
Il fallait faire vite, et l'exposition " Barack Obama in Paris " a été organisée en moins d'un mois. Les artistes - Cyril Anguelidis, Catherine Ursin, Kazuyo Yamamoto... - ont eu trois semaines pour répondre à la commande. Dorothy Polley a pris contact avec Zachary Miller, vice-président de Democrats Abroad, antenne du Parti démocrate en France, qui organisera un fund raiser cocktail (levée de fonds) à la galerie, le 17 octobre. Elle a aussi rallié à sa cause le Comité français de soutien à Barack Obama, qui compte parmi ses 5 000 membres Bertrand Delanoë, Frédéric Mitterrand, Jack Lang, etc.
" TOUT VIENT DE MA POCHE "
Le troisième partenaire de l'opération est l'hebdomadaire Charlie Hebdo. L'un de ses illustrateurs, Luz, répond aux questions des journalistes lors du vernissage, vendredi 3 octobre : pour la caricature, Sarah Palin, colistière du républicain John McCain, est la plus intéressante à dessiner, mais, en tant que " citoyen ", il espère que M. Obama sera élu. Il se souvient de la galeriste qui est venue leur rendre visite " avec son petit chien Kennedy ". " Faut pas qu'elle aille à Dallas, il va se faire écraser ! ", le coupe Riss, dans un grand éclat de rire.
Ces partenaires ont apporté leur nom et leur réseau mais n'ont pas signé de chèques, tient à préciser Dorothy Polley. " Tout vient de ma poche ", dit-elle, soit environ 4 000 euros, qu'elle espère amortir avec les ventes d'oeuvres. La fourchette des prix oscille " entre 120 et 1 900 euros ".
Pour " 20 euros ", les fans peu argentés pourront même repartir avec une reproduction de leur toile préférée " sur un tee-shirt, un mug - tasse - ou un pin's " : un portrait du candidat sur fond de drapeau américain, façon pop art, par exemple. Une fois les artistes payés, Dorothy Polley entend reverser une partie du gain à la campagne de M. Obama " en tant que citoyenne américaine ". Le candidat démocrate a-t-il encore besoin d'argent, à quelques semaines du vote ? Croqué par Tignous, le sénateur de l'Illinois avoue un peu gêné : " C'est le Blanc qui est en moi qui est dépensier. "
Clarisse Fabre