En Egypte, Sissi remanie l'appareil sécuritaire

Le chef du renseignement a été limogé et remplacé par un très proche du président

Le remaniement se poursuit à la tête de l'appareil sécuritaire égyptien. Après avoir remplacé le chef d'état-major de l'armée fin octobre  2017, le président Abdel Fattah Al-Sissi a limogé son chef des renseignements, Khaled Fawzy, qu'il a remplacé temporairement par son très proche chef de cabinet, Abbas Kamal, ont annoncé jeudi 18  janvier des médias d'Etat. Aucune justification n'a été donnée au limogeage du chef des renseignements généraux.

Général et homme de l'ombre, M.  Fawzy, comme son remplaçant par intérim, M.  Kamal, était peu connu du grand public. A la tête des services des renseignements généraux depuis décembre  2014, qu'il a contribué à restructurer dans le sillage de la révolution du 25  janvier 2011, il leur a donné une influence accrue sur les dossiers de politique intérieure comme étrangère. Son remplaçant, Abbas Kamal, un général à la retraite parfois surnommé par la presse la " boîte à secrets " du président, a été directeur de cabinet de M.  Sissi au fil des divers postes occupés par ce dernier depuis 2010, au sein des services de renseignements militaires, du ministère de la défense, puis de la présidence.

Le limogeage de M. Fawzy survient alors qu'une enquête a été ouverte après un article publié en janvier par le New York Times. S'appuyant sur un enregistrement audio d'un officier des renseignements égyptiens qui a fuité, l'article fait état de pressions par les services de renseignement sur les médias pour rallier l'opinion égyptienne à la décision américaine de reconnaître Jérusalem comme capitale d'Israël, officiellement rejetée par les autorités égyptiennes.

Défection de candidats

Fin octobre  2017, à la suite d'une attaque meurtrière contre des policiers dans le désert occidental, qui avait coûté la vie à au moins 16 d'entre eux, l'Egypte avait déjà connu un important remaniement au sein de son appareil sécuritaire. Le limogeage du chef d'état-major de l'armée, Mahmoud -Hegazy, avait créé la surprise, car il est considéré comme très proche du président : sa fille a épousé l'un des fils du chef de l'Etat. Il a été remplacé par l'ancien secrétaire général du ministère de la défense, -Mohamed Farid Hegazy. Le -ministère de l'intérieur avait aussi opéré des changements dans des postes importants.

Ces remaniements surviennent à deux mois de la présidentielle, dont le premier tour est fixé du 26 au 28  mars. Abdel Fatah Al-Sissi ne s'est pas encore déclaré officiellement candidat à un second mandat. Il est toutefois donné favori de ce scrutin face à une opposition décimée par la répression. Après la défection de plusieurs aspirants candidats, tels que le général à la retraite Ahmed Chafik ou l'ancien député Anouar Sadate, qui a dénoncé l'absence de " compétition honnête ", l'avocat Khaled Ali a dit, mercredi, subir des pressions pour empêcher sa candidature.

Hélène Sallon

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