Humour noir

Comme pour montrer que Boltanski a l'humeur parfois -funèbre, la première des Saynètes comiques qu'une exposition, présentée à la librairie Marian Goodman à Paris (jusqu'au 17 février), fait ressurgir, a pour titre La Mort du grand-père. A cette époque (1974), Boltanski réalise de brefs romans-photos où il joue tous les rôles. Pour celle-ci, il est le mort, le prêtre et le fils éploré. Il peut être aussi l'élève dissipé et le professeur courroucé, le fils amoureux de sa mère. Les déguisements sont approximatifs, les décors sommaires, les photos sans apprêt. Mais, sous ces airs de farce, références et sous-entendus sont sérieux : complexe d'Œdipe, mémoire des guerres, minuscules affaires familiales… S'ajoutent des autoportraits à la gouache et au pastel sur photo en noir et blanc. Boltanski s'y présente en " blagueur " ou en " joyeux prêcheur ". Quand ces œuvres sont nées, minimalismes et conceptualismes refusaient – en principe – narration, symboles et émotions. Aujourd'hui, les Saynètes apparaissent comme annonciatrices de l'œuvre -ultérieure de Boltanski, mais aussi comme révélatrices du refus de ces interdits par une nouvelle génération d'artistes.

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