Chez Bosch à Rodez, l'Etat veut éviter un nouveau GM&S

C'est un des dossiers industriels les plus chauds du moment. Un de ceux qui mobilisent les équipes de Bercy et les deux hommes chargés par l'Etat de dessiner un avenir pour la filière diesel, Jean-Pierre Floris et Philippe Varin. Vendredi 26  janvier, la direction de Bosch doit venir sur le site d'Onet-le-Château (Aveyron), près de Rodez, pour y annoncer le sort réservé à cette usine de pièces automobiles, qui fait travailler 1 600 personnes - – 8 500 en comptant les emplois indirects. Elle est menacée par la crise du diesel. Les syndicats redoutent sa fermeture à terme. Ce serait un " désastre économique " dans une zone où l'emploi est rare. Un nouveau GM&S, en bien plus grave.

L'enjeu dépasse l'Aveyron. Onet-le-Château, un site spécialisé dans les injecteurs et les bougies pour moteurs diesel, est la première usine française mise en péril par les déboires de cette technologie. Mais le diesel occupe 50 000 personnes dans l'ensemble du groupe Bosch. Et en France, les sites de Delphi, à Blois (Loir-et-Cher), et de Honeywell, à Thaon-les-Vosges (Vosges), sont eux aussi concernés. Sans oublier ceux de Renault et PSA. Depuis la mise en évidence des méfaits des particules fines sur la santé et le scandale des moteurs truqués, le diesel est en plein déclin. En France, son poids dans les achats de véhicules neufs est passé de 73  % en  2012 à 47  % en  2017. La chute risque de s'accélérer avec la hausse de la fiscalité sur le gazole.

Un séisme pour Rodez, où la production a commencé à décroître. " De 3,8  millions d'injecteurs en  2015, elle risque de tomber à 2  millions de pièces en  2020 ", s'alarme le délégué CFDT Jean-Nœl Cruilles. Impossible de garder l'usine rentable dans ces conditions. " La situation est encore tenable quelques mois, évalue-t-on en interne. Mais il faut une décision en  2018. "

Baisse d'activité

Quelle décision ? Il y a quelques années, il était prévu de moderniser les deux lignes de production, et d'augmenter les capacités. Les projets ont été gelés. Plus question d'accroître les volumes. Le 26  janvier, la direction devrait tout au plus annoncer un investissement de 10 à 15  millions d'euros afin de pérenniser une des deux lignes. Face à la baisse d'activité, Bosch envisage aussi de ramener le temps de travail de trente-huit  heures à trente-cinq voire trente-deux par semaine, ce qui pourrait éviter pour le moment des suppressions d'emploi.

Au-delà, le défi consiste à trouver une nouvelle activité pour Rodez. Bosch a confié une mission en ce sens au cabinet Roland Berger. Pour l'heure, les résultats semblent minces. Bosch ne paraît pas décidé à installer sur place la fabrication d'un autre des produits de sa gamme, qui va des essuie-glaces aux lave-vaisselle en passant par les perceuses. L'autre solution consisterait à ouvrir l'usine à d'autres entreprises, qui pourraient profiter des compétences locales en mécanique de précision, comme cela a été fait à Mondeville (Calvados). " Mais pour le moment, il n'y a aucune piste sérieuse ", juge M.  Cruilles. Les syndicats en appellent donc à l'Etat, afin qu'il fasse pression sur Bosch, mais aussi sur PSA et Renault, appelés à passer des commandes au nom du patriotisme industriel.

De. C.

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